Parlons français

J'ai souvent rencontré des gens qui critiquaient les traductions françaises des termes informatiques. Des gens qui, par moquerie ou hypercorrection, utilisent les termes mél, butineur ou hypertoile dans leurs phrases. Des sites qui se plaisent à propager, parfois de manière erronée, les décisions de la commission de néologie. Ce billet fait le point sur les termes informatiques à utiliser en français.

J'ai souvent rencontré des gens qui critiquaient les traductions françaises des termes informatiques. Des gens qui, par moquerie ou hypercorrection, utilisent les termes mél, butineur ou hypertoile dans leurs phrases. Des sites qui se plaisent à propager, parfois de manière erronée, les décisions de la commission de néologie. Ou encore des questionnaires incorrects relatifs à ce vocabulaire, comme celui du 20 minutes : « Parlez-vous français ».

Voici donc une liste de rumeurs avec les explications et les sources :

On ne dit pas WIFI, mais ASFI

C'est une rumeur qui a été très vite répandue sur Internet, et reprise par de nombreux sites. Pourtant, c'est faux. ASFI signifie Accès Sans Fil à Internet. C'est donc la traduction de WIA (Wireless Internet Access), et non de WIFI.

http://www.culture.gouv.fr/culture/dglf/cogeter/05-05-05-telecommunications.htm




Browser se traduit par butineur

C'est faux. En français, on dit navigateur (ou logiciel de navigation). Le terme butineur vient du Canada.

http://www.culture.gouv.fr/culture/dglf/cogeter/16-03-99-internet-listes.html

En français, il faut écrire mél

Non, ce n'est pas tout à fait ça. Mél est une abréviation, qui s'utilise de la même façon que tél (et ne peut donc pas être utilisé comme un nom). À la place, on utilise plutôt courriel, courrier électronique ou message électronique. Ce qui me semble bien, personnellement. Le terme courriel n'est pas uniquement québécois, il a été reconnu par journal officiel.

http://www.culture.gouv.fr/culture/dglf/cogeter/20-06-03-courriel.htm




En français, on dit barrière de sécurité et non pare-feu

C'est ce qu'affirme le questionnaire du 20 minutes cité au début. Pourtant, le terme pare-feu est régulièrement utilisé (notamment sous Windows). Cependant, après une rapide recherche, on se rend compte que les deux termes sont acceptés. Encore une erreur propagée...

http://www.culture.gouv.fr/culture/dglf/cogeter/16-03-99-internet-termfrancs.html

On ne dit pas implémenter, mais implanter

C'est faux, d'autant plus qu'implanter n'a pas vraiment le même sens, à ce que je sache. Le terme implémenter a été reconnu dans le journal officiel. Cela signifie : Effectuer l’ensemble des opérations qui permettent de définir un projet et de le réaliser, de l’analyse du besoin à l’installation et la mise en service du système ou du produit.

http://www.culture.gouv.fr/culture/dglf/cogeter/20-04-07-informatique.htm



On ne dit pas web, mais hypertoile

Non. Le terme complet est « toile d'araignée mondiale », mais on dira plus simplement toile.

http://www.culture.gouv.fr/culture/dglf/cogeter/16-03-99-internet-listes.html




Au pluriel, on dit fora, virii, scenarii...

L'académie française a été claire lors de la réforme de 1990 : « les noms ou adjectifs d’origine étrangère ont un singulier et un pluriel réguliers : un zakouski, des zakouskis ; un ravioli, des raviolis ; un graffiti, des graffitis ; un lazzi, des lazzis ; un confetti, des confettis ; un scénario, des scénarios ; un jazzman, des jazzmans, etc. On choisit comme forme du singulier la forme la plus fréquente, même s’il s’agit d’un pluriel dans l’autre langue. »

Cette réforme n'est bien sûr qu'une recommandation, mais pourquoi chercher à tout compliquer ? Cette règle est fort simple à suivre.

http://www.academie-francaise.fr/langue/orthographe/regles.html#regles



C'est moche de piquer tous les mots étrangers couramment utilisés, pour se les approprier et dire qu'on en fait un mot français...

Pas tous. Le vocabulaire trop technique ou peu utilisé n'a souvent pas d'équivalent. La plupart des mots sont francisés et ça me semble normal : c'est ce qui a toujours été fait. Pouvoir utiliser des mots français est quand même agréable (ordinateur, navigateur, fenêtre, télécharger, internaute, site...). Utiliser les termes anglais tend à rendre l'informatique plus obscure pour les néophytes. Il y a quelques traductions qui ne sont pas élégantes, mais c'est l'usage qui décidera. Par exemple, le mot camping fait partie des dictionnaires, alors que c'est campement qui avait été proposé à l'origine (c'est l'usage donc qui a décidé).

Bref, je trouve ça plutôt bien dans l'ensemble. Beaucoup de traductions sont pertinentes, les autres seront probablement mises de côté.